JREP 9 octobre 2021

JREP 9 octobre 2021

Le 9 Octobre 2021 s’est tenue notre Journée Régionale d’Etudes et de Perfectionnement tant attendue et reportée depuis 2 ans… Elle s’est déroulée au Novotel Grenoble Nord à Voreppe où vous avez été plus d’une trentaine à nous rejoindre.
Au cours de cette journée, le programme proposé « au féminin » a su mettre à l’honneur des femmes chirurgiennes totalement investies et impliquées dans leurs disciplines chirurgicales. Également, Cadre IBODE, IBODE ou étudiantes IBODE ont su nous transmettre avec beaucoup d’enthousiasme, leurs valeurs de soignantes et leur cœur de métier en déclinant leurs champs de compétences spécifiques. Toutes ces femmes ont su captiver notre attention tout au long de leurs présentations.

Tout d’abord, nous avons pu assister à la présentation sur « la reconstruction en chirurgie cancérologique avec guide de coupe modélisé sur mesure en 3D » du Dr Marzloff, chirurgienne en maxillo-faciale au CHU de Grenoble. Cette technique chirurgicale innovante est « une véritable révolution dans le cadre du travail de la reconstruction faciale ». C’est une technique qui, par l’assistance d’un ordinateur permet de concevoir des implants du massif squelettique sur mesure, d’analyser des surfaces et des volumes pour la réalisation de guide de coupe nécessaires à la reconstruction du massif facial. Cette technique assure un confort opératoire, c’est à dire la précision du geste pour l’opérateur et la qualité du résultat grâce à cette reconstruction en 3D par ordinateur. Les principes de cette reconstruction sur mesure nécessitent un bilan d’imagerie précis, de manière à apporter « strictement » la bonne quantité de tissu osseux nécessaire à cette reconstruction. La réalisation de ces guides de coupe sur mesure va aider à la « conformation » pour la reconstruction sur un plan anatomique, permettant un meilleur résultat esthétique et une meilleure récupération fonctionnelle pour le patient. Elle permettra également un « gain de temps » chirurgical, une « diminution de la morbidité », limitera le temps d’anesthésie tout comme les risques liés aux saignements en per opératoire. Les paramètres essentiels à prendre en compte lors de cette chirurgie seront axés sur la bonne vascularisation de la reconstruction en per opératoire, et en post opératoire, la surveillance très rapprochée toutes les 2 heures du lambeau pour prévenir de son ischémie. Enfin, le Dr Marzloff précise que cette intervention de reconstruction chirurgicale en maxillo-faciale requiert une équipe aguerrie à cette technique. Elle souligne l’importance de l’IBODE dans sa fonction d’instrumentiste qui doit maitriser parfaitement la chronologie des temps opératoires : ablation de la tumeur, préparation du péroné et son dépériostage prudent, confection des guides de coupe, emboitement du fragment osseux pour conformation, temps d’ostéosynthèse, anastomoses microchirurgicales artério-veineuses du lambeau…et ce, pour faciliter le bon déroulement de l’acte chirurgical. Cette présentation, très intéressante sur un plan chirurgical nous a démontré que ces techniques innovantes évoluent rapidement, se complexifient et demandent de la part de tous les acteurs, un réel investissement et engouement professionnel pour s’approprier ces nouvelles techniques en plein essor.

Ensuite, Mesdames Édé Muriel, IBODE, Guérinaud Magali et Kaczor Marie, étudiantes IBODE de l’école de Lyon nous ont propulsés dans l’univers du métier d’IBODE.

Elles ont su témoigner de leur vécu et expérience professionnels en déclinant toutes les facettes de ce métier, notamment sur les différents rôles qu’une IBODE peut pratiquer au cours de son exercice professionnel en salle d’intervention : celui de circulante qu’elles définissent comme étant « le chef d’orchestre de la salle d’opération » ; en tant qu’instrumentiste, c’est « savoir anticiper pour donner l’instrument au bon moment et en fonction des temps opératoires » ; la fonction d’aide-opératoire sur 3 activités très ciblées que sont « l’exposition, l’aspiration et l’hémostase » et enfin en tant qu’assistante chirurgicale, l’IBODE pratique des actes médicaux spécifiques sur « demande expresse du chirurgien » et ce, en lien avec l’évolution des techniques chirurgicales qu’elle doit maitriser. Incontestablement, l’IBODE évolue au sein d’une équipe pluridisciplinaire et pratique des actes exclusifs qui lui sont dédiés. Un rappel sur l’aspect règlementaire et de l’exigence de l’application du décret en vigueur du 27 Janvier 2015 sur l’exclusivité des actes de l’IBODE a été souligné. Elles ont su nous captiver par leur enthousiasme à décrire ce qu’est leur cœur de métier : « être au centre de la prise en soin du patient qui leur est confié ». Elles ont apporté des réponses concrètes quant aux 2 voies possibles pour accéder au diplôme d’IBODE : soit par la voie de la VAE (Validation des acquis d’expérience) ou bien en suivant la formation de 18 mois en école d’infirmiers spécialisés après une épreuve d’admission d’entrée sur concours. Elles terminent leur présentation par la diffusion d’un « court métrage » sur le récit « d’une journée opératoire de l’IBODE en salle d’opération », présentation ludique qui a capté notre attention. Ce « vis ma vie » s’achève par l’interview de 2 chirurgiens témoignant de l’intérêt de travailler dans une relation de confiance, définissant l’IBODE comme étant « une véritable partenaire de soins ».

En fin de matinée, le Dr Barbois est venue nous présenter une application Smartphone créée en 2015 par l’AJCV (association des jeunes chirurgiens viscéraux). Le but de cette application a été de développer un outil d’aide à la décision dans la prise en charge des urgences chirurgicales. En préambule, elle précise qu’un cahier des charges a dû être défini (objectifs, acteurs du projet, exigence fonctionnelle, développement du projet) avec la participation d’un partenaire commercial qui s’est associé au déploiement de ce projet (Sté Peters). Une année a été nécessaire (2015 à 2016) pour construire le contenu pédagogique de cet outil en faisant référence aux sociétés savantes telles que le collège des enseignants et les sites de recommandations nationales de bonnes pratiques, l’HAS, le UP-TO-DATE, les EMC (encyclopédie médico-chirurgicales)…C’est après 4 longues années de déploiement que ce projet a pu aboutir. Cette nouvelle application numérique a été téléchargée 1728 fois en 1 an ½. Les téléchargements les plus fréquents étaient principalement réalisés en début de semestre par des internes juniors, application reconnue comme étant un véritable guide d’aide au diagnostic. L’ensemble du personnel de santé peut se donner la possibilité de télécharger cette application. Une perspective de développement de cette application avec de nouvelles thématiques, de nouvelles méthodes pédagogiques sous forme de vidéos, simulation est en cours de réflexion…


Après une pause déjeuner en plein air, nous débutons l’après-midi avec la présentation sur « l’endoprothèse aortique » du Dr Spear, chirurgienne spécialisée en chirurgie vasculaire. Elle débute sa présentation par un rappel sur la typologie de l’anévrysme, en précisant qu’ils sont « globalement » abdominaux et dans 90% des cas, localisés en sous rénal. Les patients concernés sont le plus souvent asymptomatiques. C’est dans le cadre d’un bilan par imagerie (scanner abdomino-pelvien) pour traiter une pathologie « autre » que l’on est amené à diagnostiquer la présence d’un anévrysme. Les évaluations de la mortalité opératoire sont de l’ordre de 2 à 7%, valeur non négligeable à retenir et d’autant plus lorsqu’il s’agit d’anévrysmes rompus où le taux peut atteindre 70 à 90% de mortalité opératoire. Dans le cadre de cette découverte fortuite de l’anévrysme, le patient sera pris en charge rapidement pour prévenir la rupture de son anévrysme sans pour autant « minimiser le geste chirurgical qui reste, malgré tout à haut risque de mortalité ». Malgré la gravité de cette pathologie, nous avons à l’heure actuelle des études médico-économiques qui précisent que l’on ne doit pas dépister de manière systématique les anévrysmes, hormis chez les hommes de plus de 65 ans qui présentent des antécédents de tabagisme. Devant un tableau clinique symptomatique avec douleurs abdominales témoignant du syndrome fissuraire (pré-rupture) avec palpation de l’anévrysme douloureuse, la prise en charge chirurgicale du patient est imminente.
Depuis la fin des années 90, a été développé sur cette pathologie, la technique « endovasculaire ». Cette technique innovante a pour objectif de diminuer la morbidité et la mortalité opératoire. Elle nécessite un environnement opératoire de type plateau interventionnel avec notamment une procédure d’installation standardisée d’un « plateau flottant de table opératoire » et un arceau mobile qui pourront être déplacés d’une salle à une autre. On parlera ici de salle mobile qui devra être maitrisée par une équipe formée à cette technique. On peut aussi disposer d’une salle dite « hybride ou interventionnelle ». Cette salle possède alors son propre arceau « fixe » avec une salle de commande dédiée permettant aux différents professionnels de s’isoler des rayonnements ionisants. Concernant plus précisément la salle mobile, il est important d’identifier le positionnement de l’amplificateur de brillance, la table d’instrumentation et l’équipe d’anesthésiste à la tête du patient. Au cours d’une procédure de chirurgie « endovasculaire », une table de conversion est toujours prête, notamment dans le cadre de la prise en charge d’un anévrysme rompu. L’IBODE instrumentiste doit toujours séparer ses 2 tables entre le matériel de conversion et celui spécifique à l’endovasculaire. Cette dernière sera composée de sondes et de guides de navigation, d’une aiguille de ponction et d’un introducteur, de sérum hépariné et de produit de contraste. Un champage large est prévu en cas de conversion en laparotomie et avec la présence des 2 scarpas dans le champ opératoire. La connaissance des différents dispositifs médicaux nécessaires à cette technique doit être parfaitement maitrisée par l’IBODE instrumentiste et l’IBODE circulante, ce qui facilitera le geste opératoire. Au cours de cette présentation, le Dr Spear nous détailler une procédure « type » de mise en place d’une endoprothèse vasculaire. Elle termine son exposé par des rappels essentiels à la radioprotection des professionnels et sur les risques inhérents à l’irradiation au cours de ces procédures en salle de chirurgie interventionnelle.
Enfin, pour clôturer cette journée, Mme Brigitte Majdoul, présidente de l’AIBORRA a abordé l’ensemble des projets finalisés ou initiés par l’UNAIBODE : la publication du répertoire SETES (bonnes pratiques), les 2 groupes de travail en cours sur « le rôle de l’ASD au bloc opératoire » et « les bonnes pratiques de l’instrumentation ». Elle termine son intervention sur l’actualité de la profession IBODE et tout particulièrement sur la forte mobilisation lors de la journée de grève du 23 septembre dernier qui a été suivie sur le plan national dans le but de reconnaître notre métier d’IBODE à sa juste valeur. Elle remercie chaleureusement la présence de tous les participants à cette journée de formation (intervenants, adhérents de l’association et étudiants IDE de 3ème année de la région Grenobloise invités par l’AIBORRA).
Cette journée du 9 octobre 2021 a été un beau succès et, nous donnons dès à présent rendez-vous à tous nos adhérents en 2022 pour une formation sous forme de webinaire en juin prochain et une JREP en octobre.
A. Auclair

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