Discours d’ouverture de nos Journées Nationales (JNEP) de Toulouse
Voilà, (ça y est) j’y suis ! Je vous mentirais si je vous disais que c’est sans aucune émotion que je me trouve face à vous aujourd’hui ! Face à vous pour mon dernier discours d’ouverture des Journées Nationales d’Etudes et de Perfectionnement de l’Unaibode !
Une 36ème édition Toulousaine et à titre personnel, ma 8ème en tant que Présidente. Je suis effectivement à quelques pas de la sortie !
Vous me direz, il est temps ! Le temps de passer la main après plus de 20 années au Conseil d’Administration de l’Unaibode. C’était en 1998, alors oui, il est temps pour moi de passer la main et de laisser ainsi à d’autres, Magali Del-hoste en l’occurrence, le soin d’apporter une vision nouvelle pour toujours poursuivre le combat mené pour la défense des Ibode. Je suis convaincue que Magali conduira l’Unaibode vers de nouveaux horizons, de nouveaux enjeux. C’est avec beaucoup de confiance que je transmets le flambeau.
Inévitablement, dans ces moments-là, on est tenté de jeter un œil derrière nous et sur les 7 années qui viennent de s’écouler et on se dit : Qu’est-ce que j’ai fait ? Qu’est-ce qu’on a réalisé ?
Alors Monsieur le Maire adjoint, Monsieur le directeur, Mesdames les prési-dentes et amies, Mesdames, Messieurs les congressistes, permettez-moi avant de parler de l’avenir de notre profession, de faire un bref arrêt sur image sur quelques moments clés que nous avons vécus ensemble.
Permettez-moi également Monsieur le Maire adjoint, de vous remercier de nous accueillir pour ces 36èmes Journées Nationales d’Etudes et de Perfectionnement de l’Unaibode dans votre magnifique ville de Toulouse et merci à Monsieur le directeur pour votre présence ici aujourd’hui et pour les quelques mots que vous nous avez fait l’honneur de partager avec nous. Votre présence est pour nous, soyez en assurés, le gage de l’intérêt que vous portez à notre métier, celui des Ibode et nous y sommes sensibles.
Durant les 7 années où j’ai eu la chance de présider l’Unaibode, j’ai été guidée par 3 priorités que je me suis efforcée de préserver et garantir, contre vents et marées parfois !
La 1ère, c’est la défense des Ibode et de leurs intérêts. La deuxième de mes priorités a été de doter l’UNAIBODE des outils nécessaires pour être entendue et devenir un interlocuteur incontournable. Mais également des outils pour nous permettre de faire évoluer notre métier dans ses pratiques, de développer le professionnalisme des Ibode et de faire respecter notre spécialité. Ces 2 priorités afin de pourvoir à une 3ème, celle de garantir la sécurité des patients. Pour cela, je suis fière d’avoir œuvré pour l’Unaibode, les valeurs et les volontés qu’elle représente.
J’ai œuvré sans cesse au sein de l’Unaibode pour que notre métier évolue, grandisse dans ses pratiques et ne reste pas en retrait des évolutions des plateaux techniques avec comme volonté première la sécurité des patients. Parce que tel est notre devoir de soignants.
Je voudrais, encore une fois, rappeler qu’Ibode est un métier ! Un métier qui s’apprend avant tout dans les écoles puis sur le terrain. Et c’est précisément sur le terrain que nous devons sans cesse être en vigilance et garantir perpétuellement le développement de notre professionnalisme.
Lancé à grande vitesse, on ne prend pas toujours la pleine mesure du chemin parcouru. En faisant cet arrêt sur image, il est évident que notre métier a considérablement évolué et a su s’adapter aux enjeux auxquels il est confronté et aux défis que lui lance l’inévitable évolution des blocs opératoires. Cette adaptation et cette plus-value offerte dans les plateaux techniques ne sont possibles que grâce à vous.
Un jour, quelqu’un m’a dit : les Ibode, vous devez apprendre à fêter les victoires ! Et des victoires nous en avons à fêter ! Je pense évidemment aux actes exclusifs ! L’avenir des blocs opératoires s’écrira désormais avec les actes exclusifs dédiés aux Ibode. C’est un fait !
Evidemment, à travers ce petit jeu d’arrêt sur image, j’entends certains évoquer avril 2015 où nous apprenions que l’UCDF, l’Union des Chirurgiens De France, avait saisi le Conseil d’Etat en demandant l’annulation intégrale du décret nous donnant l’exclusivité d’actes. Pourtant, le 7 décembre 2016, le Conseil d’Etat validait les actes exclusifs. 22 mois ! Il aura fallu 22 mois d’un long combat mené par l’Unaibode pour, et je pèse mes mots en l’exprimant ainsi, sauver notre spécialité.
Depuis, nous avons pu échanger et apporter notre point de vue à l’Union des Chirurgiens de France. Nous avons pu développer nos arguments, quant à la nécessité pour tous et partout, d’une équipe opératoire avec 100% Ibode dans les blocs. D’ailleurs, Philippe Cuq président de l’UCDF sera présent parmi nous au forum de cet après midi, appuyant ainsi cette nouvelle volonté commune Chirurgien/Ibode de former une véritable équipe opératoire. Merci à lui.
Il y a peu, les 4 Fédérations d’employeurs, dans une requête commune, alertaient la Ministre des solidarités et de la santé pour qu’elle prenne la pleine mesure de la problématique du recrutement des Ibode et du manque d’attractivité de notre spécialité. Ils invitent la Ministre, à travers cette requête, à redimensionner l’appareil de formation Ibode afin de répondre aux besoins et enjeux des blocs.
En mai 2016, lors des JNEP de Lille, j’exprimais ces mots lors de mon discours d’ouverture : “Soyez convaincus que nos compétences sont valorisées, recon-nues et indispensables dans les blocs. Demain, cette reconnaissance fera que l’employeur lui-même insufflera aux IDE de conduire leur projet professionnel vers la formation Ibode. L’Ibode devient ce « collaborateur indispensable du chirurgien ». Nous y sommes parvenus !
Si l’Unaibode s’investit dans l’ensemble de ses différentes missions ; défense de la qualité des soins, des pratiques, de l’exercice de la profession et de ses ac-teurs, il nous fallait aller plus loin pour la défense des Ibode, pour notre défense. C’est en ce sens que nous avons créé le Syndicat National des Infir-miers de Bloc Opératoire. Nous avons voulu avec le SNIBO répondre à une de-mande de plus en plus forte des Ibode. Aujourd’hui, le SNIBO poursuit sa marche en avant et permet notamment, avec sa cellule juridique, d’apporter conseil, soutien et réponses aux Ibode qui en ont besoin. Je suis fière d’avoir participé à la création du Syndicat des Ibode.
Maintenant, l’avenir doit s’écrire autour de la pratique avancée pour les Ibode mais également sur la réingénierie de notre formation.
La réingénierie de nos formations a été « relancée » il y a 10 ans ! Notre objectif légitime est d’obtenir le grade Master. D’ailleurs, il était prévu une rentrée 2018 avec une nouvelle réingénierie. Entre temps, cependant, une nouvelle donne s’est ajoutée dans le process : celle de l’universitarisation des formations en santé mise en place par le Ministère de l’Enseignement Supérieur et celui de la Santé.
Et nous dans tout ça me direz-vous ? Et bien, les maquettes souhaitées un temps par la DGOS et sur lesquelles les écoles ont travaillé, ne correspondent plus aux critères souhaités par l’université. C’est un dossier et un combat que l‘Unaibode poursuivra dans les mois à venir, pour que les Ibode soient enfin reconnus au grade Master.
Mais au-delà de la réingénierie, nous devons également penser notre avenir avec la pratique avancée. Nous avons identifié des besoins pour la population et le fonctionnement des établissements (gain de temps, meilleure qualité des parcours de soins, …). Pour le moment, seuls 3 domaines d’interventions en pratique avancée sont définis par le Ministère. Mais nous ne sommes qu’aux prémices de la pratique avancée en France et le décret ne date que de juillet 2018. L’évolution des besoins en santé de la population ne fera qu’ouvrir des perspectives nouvelles, à travers desquelles émergeront des besoins trouvant leur réponse dans la pratique avancée Ibode. J’en suis convaincue.
Vous, Ibode, qui êtes dans la salle ou sur scène, je voudrais vous formuler ce vœu de ne jamais perdre de vue la qualité des soins infirmiers. Nous devons tendre toujours vers notre autonomie pour une qualité des soins efficiente. Et cette qualité passe nécessairement par notre capacité à évaluer nos pra-tiques. Continuons de travailler à cette efficience, continuons d’avancer, de progresser, car nous sommes et continuerons d’être un maillon essentiel des blocs opératoires.
Et cessons cette rivalité entre collègues des blocs, IDE et Ibode, qui n’a pas de sens et n’a pas sa place dans les blocs. “La pierre n’a point d’espoir d’être autre chose que pierre. Mais de collaborer, elle s’assemble et devient temple.”
Alors insufflons cette collaboration et insufflons la dynamique pour que chaque IDE des blocs puisse accéder à la formation, quelle qu’elle soit, pour de-venir Ibode.
Avant de conclure, je voudrais vous remercier toutes et tous, d’être présents pour notre 36ème édition des JNEP, saluer chaleureusement les associations pro-fessionnelles qui nous font l’amitié d’être avec nous. Merci également à tous nos partenaires exposants toujours fidèles aux Ibode !
Et puis, un grand merci et des félicitations pour l’AIBOMP et sa présidente Ma-gali pour cette odyssée fantastique que vous allez nous offrir pendant 3 jours.
Je salue également toutes celles et ceux qui m’ont accompagnée durant toutes ces années. Ceux du premier jour et ceux qui nous ont rejoints. Il y a les Ibode et puis il y a les autres, toujours présents. Merci à vous tous et à chacun pour votre implication et votre soutien sans faille !
Avant de déclarer ouvertes les 36èmes Journées Nationales d’Etudes et de per-fectionnement avec Madame la Présidente, Magali, je terminerai par cette phrase de Georges Latécoère, pionnier Toulousain de l’aéronautique –
“J’ai refait tous les calculs, ils confirment l’opinion des spécialistes : notre idée est irréalisable. Il ne nous reste qu’une seule chose à faire : la réaliser ! ”
Merci de votre attention et très bon congrès à tous !