Poster:Enquête de prévalence du port des équipements de protection oculaire en Normandie
Introduction :
Dans le cadre des précautions standard en hygiène, circulaire n◦DGS/DH/98/249 du 20 avril 1998, un équipement de protection individuelle (EPI) oculaire est nécessaire dès lors qu’il y a un risque de projection de sang ou de liquides biologiques. Présents sur tous les visages des étudiants infirmiers de bloc opératoire, ces dispositifs, lunettes, visières, écrans… disparaissent trop souvent, une fois le professionnel diplômé.
A travers cette enquête, nous avons cherché à évaluer l’observance du port des équipements de protection oculaire et à comprendre les freins de leur non port.
Méthode :
A l’occasion de la XXVIème Journée Régionale d’Etude et de Perfectionnement de l’ASIBONOR de novembre 2024, les participants à la journée et les adhérents de l’association ont été invités à participer à cette enquête par questionnaire GoogleForm®. L’analyse a été réalisée avec Microsoft Excel®.
Population :
53 professionnels de bloc opératoire ont répondu à cette enquête. La population est constituée majoritairement de femmes (74%) dont l’âge moyen est de 42 ans et l’ancienneté dans l’emploi moyenne est supérieur à 10 ans. 76.5% des répondants sont infirmiers de bloc opératoire diplômés d’état.
64.7% sont porteurs permanents de lunettes du vue, 5.9% sont porteurs de lentilles.
2 répondants ont été victime d’accident de projection de sang dans l’œil sans port d’équipement de protection.
Discussion :
L’observance globale retrouvée est très largement supérieure à la littérature1. La principale raison retrouvée dans notre enquête est la formation ibode, « C’est une habitude que j’ai prise à l’école et que j’ai gardé ». Les porteurs de lunettes du vue, qui sont majoritaires dans notre enquête, sont gênés par les EPI à disposition, et 53% se sentent suffisamment protégés par leurs lunettes. A l’instar des appareils de protection respiratoire, il semble important de pouvoir proposer différents types d’EPI dans le service pour s’adapter à la morphologie de chacun, nez, oreilles, et pour le compromis individuel entre confort et efficacité2. Comme pour les solutions hydroalcooliques, l’observance est meilleure quand les EPI sont en nombre suffisant et à disposition là où ils sont nécessaires, poste de d’habillage chirurgical. Pour les porteurs de lunettes de vue, l’observance monterait à 93.3% si on leur proposait des EPI à leur vue. Interrogés sur l’impact environnemental des EPI oculaires, un tiers des sondés prennent en compte cet élément pour les choix de leur sécurité. Pour les solutions réutilisables, ces EPI sont exposés au risque infectieux, 40 à 90% de dispositifs positifs à la présence de germes en fin d’intervention, et 75% de dispositifs toujours positifs après entretien3. Concernant les solutions réutilisables, comme les EPI à la vue, un protocole d’entretien sera nécessaire pour limiter le risque infectieux sans altérer le confort visuel.
L’observance globale, port d’EPI systématique sur le champ opératoire, est de 35.3%.
Pour 64,7% des sondés, les protections oculaires peuvent être portées de façon ponctuelle.
Ils déclarent alors les utiliser dans les cas suivants: patient à risque (71%), situation à risque, orthopédie (51%), quand les EPI sont à disposition au niveau du poste de lavage des mains (40%).
Les raisons du non port des EPI sont : l’inconfort (90%), la buée (80%), la gêne visuelle (40%). Nous avons cherché à connaitre le confort et le sentiment d’efficacité des principaux EPI disponibles.
Conclusion :
- Port EPI oculaire : une habitude prise à l’école d’ibode
- Proposer différents types d’EPI au poste d’habillage chirurgical
- Proposer EPI oculaire adapté à la vue de l’agent
- Développer des protocoles d’entretien efficace sur le risque infectieux sans altérer le confort visuel
Références :
1. Compliance with standard precautions among operating room nurses in south korea, Ihnsook Jeong et al, Am J Infect Control
2. Eye protection in orthopaedic surgery. An in vitro study of various forms of eye protection and their effectiveness, Alfred Mansour et al ,J Bone Joint Surg Am
3. Eyewear contamination levels in the operating room: infection risk, Victor Lange, Am J Infect Control